"De nombreux portraits de la reine Marie-Thérèse sont connus, par les frères Beaubrun, mais aussi par Dieu, par Jean Nocret ou par Lebrun. Sur ce portrait officiel, elle est représentée dans un costume des débuts du règne, encore proche des vêtements d’époque Louis XIII, avec une robe fleudelysée et un manteau doublé d’hermine également fleurdelysé, près d’une colonne torse, proprement baroque. Sa coiffure également est caractéristique des débuts du règne.
Fille unique de Philippe IV d’Espagne et de sa première femme Elisabeth de France, sœur de Louis XIII, elle avait épousé son cousin germain Louis XIV en 1660, suite à une manœuvre réussie de Mazarin. Nullement aimée par le roi, auquel dès 1661 elle donna un fils, Louis, le Grand Dauphin, elle vouait au contraire un grand amour à son époux, et souffrit beaucoup de ses infidélités. Humiliée, très pieuse, elle se réfugiait dans son oratoire ou au couvent des Carmélités de la rue du Bouloi à Paris. Cependant, le roi eut toujours beaucoup de considération pour elle, et lorsqu’elle mourut, le 30 juillet 1683, il déclara : « Voilà le premier chagrin qu’elle m’ait donné ». Madame Palatine, sa belle-sœur, qui n’était guère plus heureuse qu’elle en mariage, disait d’elle qu’elle était « la meilleure des femmes et la plus vertueuse du monde », mais « de la plus grande niaiserie », ajoutant qu’elle conservait une « telle passion pour le Roi qu’elle cherchait à lire dans ses yeux tout ce qui pouvait lui faire plaisir ».
Elle vint peu au Trianon de porcelaine, le seul qu’elle ait connu. Madame de Sévigné rapporte que le 12 juin 1672 : « La Reine alla hier faire collation à Trianon ; elle descendit à l’église, puis à Clagny, où elle prit Madame de Montespan dans son carrosse et la mena à Trianon avec elle ». Cultivant la morale chrétienne malgré sa douleur, Marie-Thérèse n’était guère rancunière." [1]
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