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Français : SA Vallier-Vicher, siège au 10, Rue Mandar, PARIS 2e

Aimé naquit en 1903 dans le 3e arrondissement de Lyon, ville où son grand-père François Vicher-Léonard (1837-1879), tisserand d'origine savoyarde, s'était installé quarante ans auparavant. Il était le fils de Joseph Vicher-Léonard (1870-1935), représentant de commerce et artilleur réserviste, et de Fleurine Escoffier (1868-1911), native de Saint-Etienne.

Après avoir fondé sa petite entreprise de transport à Lyon avec son demi-frère Francis, Aimé Vicher-Léonard monta à Paris en 1925, avec son épouse Emma. Il ouvrit un premier bureau dans le 2e arrondissement, au 10 Rue Mandar, qui allait devenir le siège de la future SA Vallier-Vicher. La principale activité était alors le transport de meubles et de marchandises entre Paris et Lyon, où un second bureau avait été ouvert rue Alsace-Lorraine, et où Aimé avait conservé de solides relations avec des amis et partenaires tels qu'Antoine Roche, propriétaire d'une société lyonnaise de papiers-peints. Dans les années 1930, alors que la société gagnait en prospérité et que ses opérations couvraient déjà Paris, l'Île de France et toute la région lyonnaise et grenobloise, l'entreprise étendit encore son activité à l'Algérie et à la côte d'Azur, créant notamment une succursale à Marseille.

Emma Vicher-Léonard (1907-1986) était née à Lunéville et avait passé sa petite enfance dans diverses villes de Lorraine, au gré des affections de son père, Justin Erasme Conraud (1874-1925), maire de Vecoux, géomètre et organiste, qui, lors de l'armistice de 1918, joua la Marseillaise à l'orgue de la cathédrale de Strasbourg. Les parents d'Emma s'installèrent à à Lyon en 1915, poussés par l'avancée de l'armée allemande. Elle y fit plus tard la connaissance d'Aimé Vicher-Léonard, avec lequel elle se maria en 1925, avant de partir pour Paris. De cette union naquirent trois filles : Danièle, Micheline et Annie.

Pendant l'Occupation, Aimé Vicher-Léonard rejoignit le parti de De Gaulle, auquel il restera toujours attaché par la suite. Lorsque les lois anti-juives furent promulguées, il décida de tirer profit des livraisons effectuées entre la zone libre et la zone occupée pour aider des familles juives de ses connaissances, en faisant passer dans la cargaison de ses camions, documents, courriers et paquets, et en donnant de l'argent à certains de ses clients juifs pour leur permettre de quitter la capitale avec de nouveaux passeports. Au bout de quelques mois cependant, une lettre de dénonciation, envoyée à la Kommandantur par un ancien employé chauffeur de camion, valut à Aimé de se faire arrêter par la Gestapo à son domicile, Avenue du Bel-Air, sous les yeux de sa famille. Le tribunal de la Seine ouvrit une enquête et un procès eut lieu. Aimé s'en sortit finalement avec une amende et un rappel à l'ordre, son épouse et son avocat étant parvenus, à force d'acharnement et de persuasion auprès des juges, à lui éviter la déportation en camp de travail.

Aimé Vicher-Léonard assura la direction de l'entreprise pendant près de 55 ans, de 1925 à sa mort en 1981. Passionné d'alpinisme, il participa dès les années 1930 à de nombreuses ascensions dans les Alpes - se liant d'amitié avec Maurice Herzog- et effectua plusieurs grands voyages en automobile à travers l'Europe.